Le tribunal a aussi déclaré al-Heib coupable d’ obstruction à la justice et de faux témoignage.
Les faits se sont produits dans le camp de réfugiés de Rafah où Hurndall, étudiant, prenait des photos du travail que faisaient les militants de l’ISM (International Solidarity Movement). Les membres de l’ ISM se placent souvent entre les troupes israéliennes et les Palestiniens pour tenter d’empêcher les opérations militaires.
Le père et le frère de Hurndallsont arrivés en Israël lundi 27 de bonne heure pour assister au procès. Son frère s’est vu refuser l’entrée dans le pays pour des "raisons de sécurité" mais son père était présent au tribunal à l’énoncée du verdict.
Dans le verdict, le Colonel Nir Avraham a déclaré que le tribunal avait trouvé les témoignages fournis par l’accusation plus crédibles que ceux de al-Heib. Avraham a dit aussi qu’un autre soldat présent dans l’avant-poste avec al-Heib au moment des tirs avait indiqué que l’accusé l’avait persuadé de fournir un faux témoignage.
La Cour a conclu que l’accusé avait tiré sur Hurndall avec un fusil de précision, avec une visée télescopique, et que al-Heib avait donné une version des événements confuse et même "lamentable" au tribunal
La Cour s’est reportée à une confession de l’accusé où il disait avoir voulu donner une leçon à Hurndall pour avoir pénétré dans une zone interdite. Al-Heib a admis avoir visé à 10 cm de la tête de Hurndall pour l’effrayer et qu’il l’avait tué par inadvertance.
Selon le verdict, "à partir de ce moment le sergent al-Heib a lancé une vaste campagne de mensonges et d’inexactitudes afin d’induire les enquêteurs en erreur et pour s’exonérer de toute responsabilité".
Al-Heib, un ancien membre du bataillon de reconnaissance bédouin est accusé d’avoir tiré et touché Hurndall à la tête pendant une opération de l’armée dans la Bande de Gaza en avril 2003. D’après des témoins,Hurndall, 22 ans, aidait des enfants palestiniens à éviter des chars israéliens.
Hurndall est resté neuf mois dans le coma avant de mourir l’an dernier dans un hôpital de Londres.
Yariv Ronen, l’avocat de la défense, avait plaidé que la mort de Hurndall n’était pas due directement à l’action de son client mais à l’incompétence des médecins britanniques. La famille a rejeté ces allégations.
L’accusé a aussi été déclaré coupable d’obstruction à la justice, de faux témoignage, d’obtention de faux témoignage et de comportement inconvenant. Al-Heib, dont la condamnation sera prononcée mi-août, risque jusqu’à 20 ans de prison.
Sophie Hurndall, la soeur de Tom Hurndall,a salué le verdict, mais dit que l’armée devait changer ses pratiques.
"Ce genre de choses ne doit pas se reproduire. Tant que cela ne changera pas nous n’aurons pas vraiment gagné" a-t-elle déclaré à la chaîne de télévision Sky News.
Elle a indiqué qu’il y avait eu très peu de contacts avec les autorités israéliennes pendant le procès et qu’il y avait eu des " tentatives systématiques" de dissimuler la vérité concernant les tirs.
William Hurndall,le frère de Thomas a été détenu à l’aéroport par les autorités d’immigration à son arrivée lundi 27. Il a fait appel en urgence par l’intermédiaire de l’avocat Avigdor Feldman devant le Tribunal Administratif de Tel Aviv, afin d’être autorisé à entrer dans le pays.
Quand le père et le frère de Tom Hurndall sont arrivés, le représentant du Ministère de l’Intérieur a signifié à William qu’il n’était autorisé à entrer en Israël que sous certaines conditions : pas plus de 24 heures, accompagné par un représentant officiel de l’ambassade britannique et en s’engageant à ne pas aller en Cisjordanie ou dans la Bande de Gaza.
"En tant que frère de la victime d’un crime qui cherche à user de ses droits reconnus et à assister à une audition importante dans l’affaire de son proche" a dit Feldman dans le recours administratif déposé avant midi lundi 27 juin, "le requérant s’attendait à ce qu’on le traite avec respect et non à être confronté à un rejet arbitraire et à la stipulation de conditions très dures."